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Ce matin, c'est à 6h que nous nous faisons tous réveiller avec la version en espagnol, par Julio Iglesias, de "J'ai oublié de vivre". Délire !! Je rigolais toute seule en rangeant mon sac de couchage… Hier matin c'était des chants grégoriens. Rien à voir. J'ai adoré mais rien à voir…
6h30, petit déjeuner en commun. Et oui, dans cette auberge, ça se passe comme ça ! Chaque auberge de pèlerins a son modus operandi. Chaue jour, on s'adapte donc à l'hospitalier.
7h00, je prends le chemin. Ou plutôt me prend t-il. Je me sens tellement bien ! Mon sac ne m'a jamais paru aussi léger. Bon, il est vrai que j'ai confié à Bill quelques trucs à renvoyer par la poste à son retour en France : ma veste déperlante (qui, vue la chaleur ambiante, faisait vraiment double usage étant donné que je possède déjà une polaire ainsi qu'une veste de pluie ultra légère), mon magnifique stylo plume (puisque gourde que je suis, j'ai oublié de prendre des cartouches d'encre…), mon petit carnet de notes pour mon futur roman (pas le temps !), un magazine "manière de voir" sur les révolutions de l'histoire (elles attendront mon retour !). Et sans oublier des choses très pesantes comme des tickets de métro (!!), des cartes de fidélité (!!!) et enfin la paire de chaussettes additionnelle donnée par Chris lorsque mes deux paires étaient trempées le premier soir, sur le col… J'ose avoir confiance et penser que je n'en aurai plus besoin.
En parlant de mes chaussettes, un peu plus rapidement mais tout aussi surement que mes pas me mènent à Santiago, elles agonisent. Je sens que dans une semaine ou deux, il y aura décès. RIP soon petites chaussettes vaillantes !
Ma journée s'est déroulée comme dans un rêve, presque sans effort, avec toujours ce sourire béat, un peu débile, sur mon visage. Le bonheur total. J'ai avalé ces 20 km comme s'il s'agissait d'une promenade digestive dominicale ! Vraiment c'est impressionnant comme le corps s'adapte et se transforme vite.
Je savais déjà que je voulais m'arrêter chez Acacio et Orietta, à Viloria de Rioja. Yolande m'en avait parlé à Villatuerta. "Tu verras, c'est comme ici mais encore mieux !". J'étais dubitative mais elle avait parfaitement raison. Cette albergue est le paradis sur terre. Après ma douche, j'ai longuement parlé avec Acacio, brésilien d'une soixantaine d'années, ami de Paulo Coelho, lui même parrain de l'auberge. Comme Acacio s'étonnait de la qualité de mon portugais, nous avons parlé de l'Angola, puis du Brésil et enfin de ma vie, depuis un an, de mes retrouvailles avec Chris, des signes indiscutables sur mon rapport au chemin. L'alchimiste quoi. Sa compagne, Orietta, est italienne et est également lumineuse et bienveillante… Quel endroit merveilleux ! Quels gens incroyables !
A noter : ils n'ouvrent pas la porte avant 7h du matin… Cela passe donc l'envie aux emmerdeurs amoureux de leur réveil à 5h. Les mêmes qui te regardent, étonnés, peu après s'être levés : "oh ! tu es réveillée aussi ?" - "mais oui trouduc ! Devine pourquoi ?". Furieuse envie de leur faire avaler leur réveil matin…
Demain cela fait deux semaines que je marche. Petit bilan : zéro ampoule… Merci Chris pour les conseils… J'ai déjà tant de pèlerins abandonner, les pieds en sang… Zéro tendinite… 2ème cause d'abandon. Je prends soin de moi. Je m'efforce d'être entre ma zone de confort et ma zone d'épuisement. Entre la complaisance et le masochisme. Pour le moment, ça marche bien, c'est le cas de le dire. Zéro démotivation : je me régale ! Comment le dire encore autrement ? Croyez-moi je suis la première étonnée ! Moi et le sport c'est un peu comme Churchill : jamais ! Et surtout pas pendant des heures ! Sport en chambre et ski exceptés…
Alors qu'est-ce qui me fout ce sourire niais, qu'il pleuve, vente ou brûle ? Pourquoi j'ai comme des ailes qui me poussent dans le dos ? Pourquoi par moments je me dis que je passerais bien ma vie à ne faire que ça ? C'est très mystérieux, ce chemin est chargé, clairement. Mais à ce point ?!
J'ai croisé de nouveau Isabella ce matin. La pauvre souffre des pieds et a donc décidé que désormais elle ferait en bus les parties pénibles, celles qui longent les nationales ou pire, l'autoroute. C'est comme ça qu'elle a pu me rattraper la coquine ! On espère se croiser de nouveau à Burgos où elle compte rester quelques jours. C'est également là que je risque sans doute de retrouver Azucena qui a également l'intention de faire une petite pause.
Mes mollets en pleine forme vous saluent bien bas. Je pars profiter des mes hospitaliers merveilleux. C'est tout de même bien plus interactif que ce journal ! Buona serra ! Boa noite !
***
Rien à faire, il faut que j'en rajoute… J'ai eu droit à un merveilleux diner commun… avec ce qui pouvait ressembler le plus à une feijoada ! Et avec de la farofa en plus ! Ce fut une vraie gavage de ma part… Magnifique.
Et Acacio et Orietta sont deux personnes absolument magiques. Qu'est-ce qu'on a rigolé tous les trois ! Ils vont me manquer… Définitivement la médaille d'or des auberges du chemin… Love love love !
- comments
mom ma superbe fille !! ah!! mais !! réellement . Et vraiment heureuse que ce camino t apporte tout ce que tu ressens ,mais que l on ne peut pas toujours expliquer!!!affectueusement