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Aujourd'hui, Chris est reparti. Me voici donc seule sur le « camino ». Enfin… seule… c’est un bien grand mot ! C’est déjà bourré de rencontres ce chemin pour moi… Et cela ne fait que commencer ! Cette journée va largement me le prouver. Je pars en étant reposée mais encore fortement endolorie. Les zones atteintes sont le dessous des pieds et les mollets. Le reste est intact et, contrairement à beaucoup de gens, je n’ai aucune ampoule et pas du tout mal aux épaules. Merci Chris ! Encore ! C’est lui qui m’a expliqué quelles chaussures acheter (baskets de trail) et comment les porter (pointure +2, lacets pas du tout serrés à pouvoir les enfiler sans toucher aux lacets). Il m’a aussi expliqué comment régler mon sac à dos pour que cela soit indolore pour les épaules… Donc je marche.
Le chemin aujourd’hui est tout aussi magnifique que les jours précédents. On traverse des villages plus charmants et fleuris les uns que les autres, la rivière nous accompagne presque entièrement, les sentiers sont fleuris, les oiseaux gazouillent. Bref, je suis aux anges et n’ayant pas Chris à rejoindre, je ne suis pas pressée…
Au bout de 6 Km, je m’arrête à Larrasoaña où je bois un café chez Elita qui possède son auberge de pèlerins. Super bonne femme. Si je refais le camino, j’irai chez elle… Petit jardin, on se sent chez soi. J’y rencontre Beatriz, Luis et Jesus que j’avais croisés la veille mais que j’avais simplement salués. Beatriz est toute jeune et s’arrête un peu avant Pampelune où elle habite. Luis et Jesus sont cousins, on 36 ans tous les deux et sont sympas comme tout. En bonne fan de musique brésilienne, j’évangélise et fais donc écouter « Beatriz » chanté par Ana Carolina à la jeune fille comme j’avais fait écouter « Maria Maria » de Milton Nascimento à la Maria de Chris la veille. Et oui, on peut se rendre utile de moultes manières sur le camino !
45 minutes plus tard je reprends la route… pardon.. le chemin ! J’y retrouve mes trois jeunes espagnols qui se trempent les pieds dans la rivière. Buen camino ! Hasta luego ! 6 km plus loin, je m’arrête à Irotz où un petit restau terrasse semble être un véritable aimant à pèlerins… J’y trouve la texane que j’évite depuis le train entre Bayonne et St Jean Pied de Port ! Bruyante, elle me semblait vraiment trop « ricaine » mais… comme elle semble être sans cesse sur mon chemin (ou suis-je sur le sien ?), je me rends.
Je découvre donc Azucena, 46 ans, de mère mexicaine et père américain, une adorable bonne femme, rigolote comme tout. Nous décidons de nous battre pour le prix de la marcheuse la plus lente… On est vraiment dans le même esprit du chemin et finalement, on fait plus ou moins la route ensemble. Plus ou moins car nous ne sommes pas nécessairement côte à côte. Nous nous distançons, nous retrouvons, notre rythme est très similaire.
Nous ferons une pause ensemble à Trinidad de Arre où nous retrouvons la bande de joyeux québécois ainsi qu’Isabella, la quinqua italienne que j’ai rencontrée dans la forêt vers Roncevaux. Tout ce petit monde se remet en route pour affronter les 4 derniers et épuisants kilomètres jusqu’à Pampelune où les québécois arriveront bien avant nous.
Environ trois kilomètres avant la fin de l’étape, Azucena et moi tombons sur Luis et Jesus, aussi fatigués que nous. Encore quelques efforts et on arrive à Pampelune, à l’albergue Jesus y Maria, gigantesque dortoir dans une bâtisse ancienne impressionnante, à deux pas de la non moins impressionnante (mais austère) cathédrale Santa Maria.
Une douche, quelques cervezas y pintxos (bières et tapas) plus tard, Azucena et moi décidons que demain sera un « day off » pour nous… La vieille ville de Pampelune est ravissante et surtout, on en a plein les pattes. A 20h30, je jette l’éponge : direction mon lit et, pour la première fois de la musique pour fuir le brouhaha du dortoir : c’est le Köln Concert de Keith Jarrett que je choisis pour délecter mes oreilles et je sombre dans un profond sommeil en quelques minutes.
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