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Nous voici à Jaisalmer, au cœur du désert du Thar, à quelques kilomètres du Pakistan.
Le trajet en train s'est bien passé. Nous avons rencontré Julien, un menuisier originaire de la Baule qui nous accompagne dans la recherche de notre hôtel.
La cité est splendide. Les rues et le fort central semblent directement sortis du sable. On pense un peu à "Agrabah", la ville imaginaire d'Aladdin :
Notre hôtel est situé à quelques mètres de l'entrée du fort. Le rapport qualité-prix est imbattable : 200 roupies (2,5€) pour une chambre double ultra-propre digne d'un hôtel de classe supérieure... Ça sent le coup fourré ! Mais le propriétaire n'a qu'une exigence : qu'on lui accorde 10 mn pour qu'il nous présente son offre de safari-chameau dans le désert.
Notre hôte nous fait la totale : invitation dans le salon, "chai" servi avec obséquiosité par l'ado de la famille, albums photos, livre d'or truffé de commentaires emphatiques, ... Bref, tous les indices d'une arnaque en bonne et due forme sont là. Et pourtant, on a envie de faire confiance à notre sympathique interlocuteur.
Nous partons sur une formule "Premium" : un safari de deux jours dans le désert du Thar, dans une zone "non touristique", avec un équipage dédié de 3 personnes (guide, cuistot, porteur). On y met le prix, mais la qualité s'achète !
L'accord conclu, nous partons nous balader dans la cité. Nous regardons avec mépris les agences touristiques proposant à prix sacrifiés les excursions en chameau "bas de gamme" :
La ville est décidément magnifique, malgré les désagréments habituels : pollution, bruit, rabatteurs.
L'imposante citadelle se découvre sur le modèle de la plupart des forts du Rajasthan : l'ancien palais à été transformé en musée qu'on explore avec un audio-guide sur l'oreille. Comme à Udaipur et à Jodhpur, la visite est ponctuellement émaillée des commentaires du Maharaja local, déchu du pouvoir de sa lignée et tristement reconverti en guide touristique.
Le sommet du fort permet de visualiser les alentours à 360°. On est clairement au milieu du désert.
Au sud de la ville, nous découvrons les "havelis", ces anciennes demeures princières aux façades sculptées.
Nous dinons avec Julien dans un resto donnant sur le palais du Maharaja.
De retour à l'hôtel, le propriétaire nous informe d'un changement de dernière minute dans le safari-chameau du lendemain : nous serons accompagnés d'un groupe de 4 personnes. En contrepartie, l'expédition s'enfonce plus profondément dans le désert : 45 km, au lieu des 30 km initialement prévus. Nous ne sommes pas enchantés mais acceptons le changement - il est trop tard pour faire marche arrière.
Avec un clin d'oeil, le proprio nous demande de ne pas parler du prix du safari aux autres touristes : ils ont payé, nous assure-t-il, 50% de plus..
Le lendemain, un taxi nous amène au point de départ de l'excursion où nous rencontrons le fameux groupe. Il s'agit de 6 Argentins, soit 2 personnes de plus que convenu.
Quelques kilomètres plus loin, nous découvrons les chameaux au dos desquels nous allons passer les jours suivants.
Avant de grimper sur nos montures, Tiger, notre guide, nous coiffe de spectaculaires turbans :
Par chance, nous échappons tous deux à "Mr Johnny", en pleine période de rut et dont l'excitation sexuelle se manifeste par un filet d'écume visqueuse au menton.
La caravane se met en route. Le désert tel que nous l'imaginions tarde à apparaître. Partout, des éoliennes et des fils téléphoniques nous rappellent à la civilisation.
Nous traversons quelques villages sur la route.
Après quelques heures de marche à dos de camélidés, un double constat commence à se dessiner.
Premièrement : ça fait mal au fesses.. De quoi regretter les 15 km additionnels généreusement attribués par notre hôtel.
Deuxièmement : on s'emmerde un peu à dos de chameau. Agathe tue le temps en poursuivant son polar.
En fin nde journée, le sable fait son apparition. Ce n'est pas encore le Sahara, mais ça commence à ressembler à un désert
Les plats sont préparés sur place par les guides avec les moyens du bord. À chaque repas : chapatis (crêpes grillées) et légumes en sauce épicée.
Nous établissons le camp sur une dune de sable fin. Plutôt sympa, mais on peut voir les lumières des villages environnants. On entend même un petit fond de musique techno.
Au cours de la soirée, nous avons la confirmation de ce que nous pressentions : nos amis Argentins ont payé leur safari à un tarif de moitié inférieur au nôtre ! Nous nous sommes fait complètement pigeonner ; ça valait bien la peine de voyager pendant 8 mois..
Nous nous endormons un brin énervés, bien décidés à faire un scandale le lendemain.
Le trajet du retour est de la même veine que l'aller : éoliennes, chèvres sauvages, désert de rocaille...
Les dernières heures deviennent franchement déplaisantes. Nico a le malheur d'être placé devant Mr Johnny dans la caravane et doit surveiller, à chaque instant, la position du museau baveux dans son dos.
L'apparition de la route goudronnée est un soulagement.
De retour à l'hôtel, nous tentons dans un premier temps l'approche douce en demandant la restitution d'une partie de notre argent au nom du principe d'équité (avec les Argentins).
Face au refus du gérant, nous passons à la méthode agressive et faisons un véritable scandale. Cette fois-ci, notre hôte "craque" et nous restitue la moitié de notre investissement.
Soulagés, mais fatigués par cet échange, nous allons faire un dernier tour dans l'enceinte du fort pour jeter un œil sur les temples jaïns ; deux heures plus tard, nous retrouvons Julien dans le bus de nuit à destination de Bikaner.
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